Combattant, mais pas tant que ça…

Combattant, mais pas tant que ça…

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Le Combattant du Siam (Betta splendens) est une star incontournable de l’aquarium. Cependant, il reste victime de nombreux a priori, autant concernant son comportement que sa maintenance.

 

 

Commençons donc justement par cette maintenance. Alors qu’il est pourtant facile de bien accueillir ce beau poisson, il y a encore trop de cas recensés où il est hébergé dans des conditions qui n’ont absolument plus rien à voir avec l’aquariophilie.

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 Un mâle Combattant du Siam (Betta splendens) de la variété Candy Koï. Il s’agit d’une des nombreuses variétés d’élevage, parfois très éloignées de la forme naturelle.

Photo : Axel Senaffe

 

 

Stop au grand n’importe quoi

 

On a par exemple vu depuis près d’une quinzaine d’années une drôle de mode surgir. Celle-ci consiste à refourguer ledit poisson dans une cuve inadaptée (parfois inférieure au litre !), au matériel trop spartiate ou carrément absent, avec comme résultat plus que probable la mort de l’animal dans les semaines ou mois suivants. Rappelons que la longévité d’un Betta est d’environ deux ans, et que les spécimens vendus dans le commerce ont grosso modo déjà 5-6 mois. Donc, si on vous dit : « C’est normal qu’au bout de 6 mois, votre poisson il est mort. Ça vit pas vieux. » C’est faux et il faut donc remettre en question les conditions de maintenance (et les compétences du vendeur… même si, par bonheur, la filière s’est bien professionnalisée depuis et que ce comportement se rencontre de moins en moins).

 

Une espèce tropicale, on y tient !

 

L’un des premiers responsables de la mort de votre Betta est : le froid.

En effet, les petits bacs « Spécial Betta » vendus sans combiné chauffant sont souvent inadaptés à la maintenance de ce poisson. Surtout si vous l’accueillez dans une pièce où la température descend à 17 °C en hiver ! La valeur minimale ne devrait jamais être sous les 21 °C de préférence. Et encore, à cette température, le poisson est plus fragile et peut-être victime de divers agents pathogènes.

 

Rappelons donc l’aire de distribution de ce poisson à labyrinthe (famille des Ospronemidés) : l’Asie du Sud-Est, et plus particulièrement la Thaïlande et les pays voisins baignés par le bassin hydrographique du fleuve Mekong. Nous sommes ici clairement sous un climat tropical. Les températures de l’eau relevées dans les biotopes de ce Betta ont une moyenne de 24-30 °C. C’est donc à ces valeurs que vous devez maintenir cette espèce. Inutile de monter jusqu’à 28 ou 30 °C, ce qui pourrait être inconfortable pour les plantes aquatiques ou d’éventuels autres poissons. En revanche, une valeur de 24-26 °C est… chaudement recommandée !

 

Filtre ou pas filtre ?

 

On peut entendre tout et son contraire concernant la filtration de l’aquarium à betta (on parle ici d’un bac spécifique d’une contenance de 10 litres ou plus, pas d’un aquarium d’ensemble traditionnel).

Oui, un filtre est un plus, et pour plusieurs raisons. Parmi celle-ci : il assure un meilleur équilibre biologique, et va donc limiter les zones « mortes » où des microorganismes pathogènes pourraient se développer ; grâce au mouvement de l’eau, on a une uniformisation de la température dans le bac ; son action épuratrice favorise l’élimination des déchets organiques et, pour ceux qui ont le nez sensible, réduit les mauvaises odeurs émanant de l’aquarium !

Cependant, il est inutile d’avoir un filtre au débit horaire de 300 litres si le volume de votre aquarium n’est que de 10 ou 20 litres ! Un débit horaire de 40 à 60 litres suffit.

Car il faut rappeler que le betta n’est pas un nageur actif, surtout chez les formes d’élevage voiles ! Inutile de le fatiguer avec un brassage trop important, qui l’oblige à nager en permanence… ce qu’il n’apprécie guère.

 

Un Combattant victime de sa réputation

 

Son nom de Combattant provient du fait que les Thaïlandais l’ont très longtemps élevé pour organiser des combats de poissons, avec bien sûr des paris en jeu. Cela ne concerne cependant que les mâles Betta, qui vont donc se battre jusqu’à ce que le perdant s’incline. Les poissons vont donc être alors séparés, avant un drame.

Bien que moins présente chez les mâles sauvages, cette caractéristique se retrouvent chez ceux d’élevage, qui ne doivent donc jamais être mis ensemble (même s’il est vrai qu’on peut conserver durant un certain temps plusieurs jeunes mâles issus de la même ponte, et élevés constamment ensemble… mais attention aux dégâts sur les nageoires !).

 

De même, dans un volume trop exigu, un mâle Betta peut harceler constamment une femelle. Voilà pourquoi on conseille de le maintenir en solitaire. Surtout si votre bac ne fait que 10 ou 20 litres ! On peut cependant conserver un mâle avec 2-3 femelles dans un volume d’une petite centaine de litres, avec diverses cachettes (massifs de plantes, racines, etc.). L’agressivité va alors être diluée sur le « cheptel ».

 

Il peut aussi s’attaquer à des petits poissons, considérée comme de la nourriture. Cependant, dans un aquarium de 120 litres avec de bons espaces libres pour la nage, il y a peu de risque que des petits Rasbora soient vraiment importunés. Ceux-ci sont bien plus rapides que le Betta, qui se lassera le premier !

 

Ce nom de Combattant lui joue parfois un mauvais tour : réputé à tort comme très agressif envers tous les autres poissons, certains vont l’héberger en toute bonne foi avec des espèces également agressives. Or, du moment qu’un autre poisson ne lui ressemble pas, le Betta a tendance à ignorer les autres espèces. En revanche, certains poissons amateurs de nageoires voiles (Barbus de Sumatra, Serpae et même Scalaire) vont alors s’en prendre à lui. Et notre pauvre Combattant est plutôt mauvais en matière de self-défense !

 

En résumé, un grand oui pour la maintenance de Betta splendens. Cependant, assurez-vous déjà d’avoir un bac suffisamment dimensionné et équipé comme il se doit. De plus, si vous avez un aquarium de taille honorable, pourquoi ne pas l’aménager en l’honneur du Combattant, et faire un bac à tendance géographique où il pourra s’épanouir en toute quiétude ?

 

Philippe Chevoleau

 

 

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